Lenteur
Six jours plus une nuit pour rallier Chioggia à Vieste (300 miles), à la pointe de l’ergot de la botte italienne. Six longues journées aux vents fuyants. Longer ces deux grandes baies, bordées de sables rejetés par le Po, aux eaux troubles, dont on ne sait si on doit les couper au large et profiter du courant général descendant, ou serrer la côte et espérer bénéficier des brises locales, constitue une navigation monotone… d'où le titre lenteur...
Sennes disposés en peigne
En les voyant, c'était champ de mines...
Plateforme pétrolière
Elles grognent, mugissent comme ces vieilles cornes de brume qui équipaient jadis les balises sur les côtes à marées.
Coucher de soleil
Les soleils mouillés de ces ciels brouillés ont pour mon esprit le charme si mystérieux de tes traîtres yeux brillant à travers leurs larmes….
Mais qui donc imprima ces vers au bout de mes synapses ?
La côte par elle-même est belle, peu mitée par une urbanisation touristique. Elle aligne plages et parasols, et une succession de collines, boisées et cultivées, vertes, sur les sommets desquels de vieux villages perchés serrent leurs constructions les unes contre les autres.
Les chaînes des Apennins, en arrière-plan, plantent un vrai décor. Elles sont de vraies montagnes, elles culminent à plus de 2000 mètres, et présentent tout l’étagement alpin de la végétation. Les nuages les chapeautent.
Avant l'aurore
Le café bu avant que le soleil ne pointe
Patchwork
Il n’y a pas de déprise rurale. L’Italie adriatique n’est ni la Provence ni la Corse.
Oliveraies, vignes et parasols
La ligne des 20 mètres s’étend loin au large. De sable et de boue, elle offre une grande facilité pour jeter l’ancre. La flotte de la Sérénissime bénéficiait ainsi de facilités de mouillage quand tombait la nuit ...
Heureux qui comme Ulysse...
Mouillage de nulle part...
Le long du tombolo de la lagune, des constructions de pêcheurs coincées entre deux « champs de mines » et des kitesurfeurs
Quand la plaisance est plaisance...
… mais il n’en est pas toujours ainsi
Parmi les désagréments, il faut citer les multiples plateformes pétrolières alignées sur la ligne des 30 à 50 mètres, elles mugissent, illuminent et obligent à la vigilance.
Les champs de bouées sont aussi un souci. Ils s’étendent jusqu’à 8 miles au large, tant la mer adriatique est peu profonde, et sur des distances de plusieurs miles parfois. Ces bouées sous-tendent des filets alignés en râteau dans le courant. C’est l’antique technique des sennes ou madragues multipliée en peigne sur vingt à trente rangées. Elles s’étirent de la lagune à Vieste. La nuit elles sont un vrai piège pour nos embarcations.
Arrivée à Vieste
A sec de toile nous avançions encore à plus de 4 nœuds. Mais ce fut bien le seul jour où les vents furent avec nous…
Vieste
Un phare, une chapelle, une cathédrale, un fort posés au bord d’une falaise blanche rappelant les falaises de Pertusato. Et des grottes s’enfonçant sous la ville où des barques se glissent chargées de touristes…
Durant ces journées, nous n’avons rencontré que très très peu de voiliers. Peut-être une vingtaine en six jours. Les italiens ne naviguent pas sur leur côte adriatique. Ils étaient plus nombreux en Croatie.
Réparation de la barre faire nous partons le lendemain vers le sud en longeant la côte italienne