Traversée de l'Adriatique

C’est au petit matin que nous quittons Otrante, pour gagner la rive d’en face. La côte albanaise se dessine alors, à contre-jour, dès la sortie du port. Mais direction le Montenegro.

Insolite : un tanker à l'arrêt ? Croiser au large un cargo n’a rien d’insolite. Mais le dépasser, qui plus est, dans de petits airs, nous était inconnu.

Il attendait sans doute l’ordre de son armateur pour arriver pile poil à l’heure et charger son fret.

Mais les dauphins, … eux, nous rattrapent !

Une bande de copains vifs, joyeux, à l’œil égrillard….

En Adriatique les courants descendants longent l’Italie alors que les courants montants suivent les côtes albanaises et yougoslaves. Nous nous heurtons immédiatement, dans des vents instables, à un fort courant côtier portant au Sud.

Aussi, toute la matinée, nous tirons des bords, épuisants et démoralisants. Nous nous demandons même si nous ne ferions pas mieux de viser Corfou que nous ne connaissons pas… quand enfin le vent vire au Nord Ouest et nous permet de faire route directe.

De vrais Zieuteurs …qui matent Madame, à l’étrave, en tenue légère, légère….

Nombreuses rencontres, nous ne pourrons plus dire n’avoir vu que peu de dauphins cette année là...
Nous aurons croisé de nombreuses bandes mais avec moins d’individus que
dans les années 80.

Nuit en mer, une lumière rare...

Nous atterrons au Montenegro le lendemain, en début d’après-midi, et nous mouillons dans la seule baie, magnifique et non bétonnée, qui s’y prête, la baie de Valdanos. Las, nous sommes réveillés deux heures après par le coup de sirène d’une vedette de police qui nous ordonne de les suivre et de rejoindre 5 miles plus loin la ville de Ulcinj et son môle. Nous écopons d’une amende de 134 € pour n’être pas passés par la case départ, un port, pour faire l’entrée dans leurs eaux territoriales…

Après quoi nous retrouvons notre joli mouillage où un coup de vent force 6 à 7, venant de terre heureusement, nous chahute toute la nuit.

Le lendemain la mer est si houleuse et le vent si faible qu’après une tentative de sortie, nous rejoignons la baie… Ne pouvant capter de réseau internet les jeux de société sortent des équipets…

Baie de Valdanos...Un cadre magnifique, encore sauvage, mais une police des frontières qui n’a rien compris….

Coucher de soleil

Crépuscule

Durant la nuit, à deux heures du matin, un vent puissant venant de terre se lève. Sous la lune, nous re-hissons les voiles. Et le vent monte, monte et monte encore. Nous prenons un ris, deux ris, et puis, contraints, le dernier et troisième ris, le génois roulé à la taille d’un tourmentin pour filer 7 , 8, 9 nœuds, vent de travers, sous les étoiles… poussés par le courant et un vent rabattant, descendant en rafales des sommets élevés de la chaîne littorale.

Devant les bouches de Kotor : Deux fortifications sur chacune des berges et sur l’îlot tenant la passe une troisième fortification.

L’ayant aigre-douce d’avoir été aussi mal accueillis au Montenegro nous remontons toute la côte en boycottant l’escale de Kotor – deux lacs glaciaires envahis par la mer, au pied des montagnes – et faisons route vers la Croatie. Nous relâchons à 13h30 à Cavtat, pour les formalités d’entrée.